Lost my job, found an occupation

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Grèce : l’exil d’une « génération perdue »

In Un an en... on 05/10/2012 at 18:37

Avec un taux de chômage historique, les jeunes en Grèce sont les premières victimes de la crise. Un jeune sur deux n’a pas d’emploi. Cette explosion du chômage a commencé en 2010 avec la crise de la dette et les mesures d’austérité imposées au pays. Depuis, la situation n’a cessé de s’aggraver en raison de la récession qui frappe actuellement la Grèce. Le pays est à bout de souffle, et la jeunesse sans espoir. De plus en plus, beaucoup de jeunes Grecs, âgés entre 20 et 35 ans, décident de quitter le pays pour trouver un emploi à l’étranger. C’est le cas de Michail, Kostas ou Maria. Nous sommes allés à leur rencontre à Athènes. (Un article à lire en intégralité dans la revue Alter Echos)

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Le quartier de Monastiraki, c’est l’un des endroits les plus fréquentés à Athènes. Sur la place, à la sortie du métro, les jeunes se donnent rendez-vous dans ce quartier très touristique. Si l’on n’y prêtait pas attention d’ailleurs, on ne pourrait pas croire que le pays est touché par la crise. Pourtant, derrière un décor de carte postale, l’austérité est bien là et le chômage touche un jeune sur deux.

C’est le cas de Michail, 24 ans. Il passe son temps avec ses amis sur cette place, le temps de discuter, de fumer une cigarette ou de penser à l’avenir. Comme de nombreux jeunes, Michail est sans emploi et vit toujours chez ses parents. Il gagne un peu d’argent, pas plus de 300 € par mois pour des cours de grec et de latin qu’il donne par-ci, par-là.

« Je ne suis pas certain de pouvoir enseigner un jour vu qu’on n’engage pas d’enseignant en Grèce pour le moment, on s’en débarrasse au contraire ». Face à toutes ces difficultés, Michail économise pour partir à l’étranger trouver un emploi. Destination : l’Angleterre. « Il n’y a plus d’espoir pour nous dans ce pays. On a beau chercher un emploi, il n’y en a plus. Quand on en a un, c’est un travail de saisonnier ou de garçon de café où l’on passe des heures au boulot pour presque rien. Il y a beaucoup d’abus aussi de la part des patrons. Puis, c’est difficile pour mes parents de m’aider comme je suis au chômage. Ils ont eu déjà beaucoup de mal pour me financer mes études, je n’ai pas envie de vivre à leur frais. Donc il faut partir, tout quitter et recommencer une nouvelle vie. Pour moi, l’Angleterre, c’est la seule perspective d’avenir qu’il me reste actuellement ». Michail est loin d’être le seul dans le cas. Depuis 2008, ils sont plus de 50 000 jeunes à avoir quitté le pays.

« La seule solution, c’est de partir »

Dans quelques semaines, Kostas, 29 ans, partira lui aussi à l’étranger. Pour lui, ce sera aux Pays-Bas où il espère évidemment trouver un emploi. Il est ingénieur agronome, et n’a rien trouvé dans son domaine depuis sa sortie de l’université il y a deux ans.

« Je ne crois pas que je trouverai un emploi un jour ici en Grèce. La seule solution, c’est de partir. On ne sait plus rester. Ce n’est pas un choix facile de laisser toute une partie de sa vie de côté, sa famille, ses amis. » Cela fait plusieurs années que Kostas se prépare pour ce départ.

« Depuis quatre ans, je suis saisonnier chaque été. Cela me permet de mettre de l’argent de côté. J’essaie aussi de dépenser le moins possible car tout a augmenté en Grèce. Par exemple, un café coûte 4,5 €, c’est hors de prix pour moi.» Kostas joue aussi dans un groupe de musique. Le soir, il fait des concerts avec des amis pour gagner un peu d’argent en faisant la tournée des cafés et des restaurants dans le quartier d’Exarchia, d’où sont parties les émeutes en décembre 2008, suite au meurtre d’un jeune par un policier.

« On est obligé de se débrouiller pour gagner un peu d’argent, quitte à passer des heures dans la rue pour gagner quelques euros. C’est aussi un moyen pour avoir un peu de nourriture dans les restaurants, sans rien payer. C’est peut-être étonnant mais avec la crise, les Grecs sont devenus plus solidaires entre-eux. »

Maria vit, elle aussi, dans ce quartier. Elle a 25 ans et vient de quitter l’École Polytechnique qui se trouve à Exarchia. Mais comme la plupart des jeunes de son âge, et malgré son diplôme universitaire, elle est sans emploi. « Pour vivre, ce sont mes parents qui m’aident car je ne reçois aucune aide. Ils ont beaucoup de courage car mes parents n’ont pas des salaires élevés. Mais dans chaque famille, c’est la même situation, plusieurs membres sont sans emploi. Il n’y a plus d’espoir, ni d’avenir pour les jeunes. On est une génération perdue. ».

Maria ne veut pas partir à l’étranger pour trouver un emploi. Dans quelques semaines, elle partira travailler dans un village à la campagne dans le nord du pays. Depuis le début de la crise, ils sont près de 1,5 million de personnes qui partent comme Maria à la campagne pour trouver un emploi et travailler la terre.

« J’ai beaucoup d’amis qui sont partis à l’étranger pour trouver un emploi, mais j’aime trop mon pays que pour le quitter. J’ai donc décidé de travailler dans l’agriculture. C’est le seul moyen que j’ai trouvé pour gagner un salaire. Vous savez, on prendrait tout et n’importe quoi pour travailler, même si c’est souvent pas très bien payé. » 

Dans le champ de bataille

Un haut fonctionnaire à Athènes nous explique d’ailleurs que la situation n’est pas prêt de s’améliorer en Grèce. Il dit qu’il est dans son ministère « dans le champ de bataille » car il voit aux premières loges les décisions qui vont être prises, les difficultés qui vont toucher la population dans les prochains mois, et les jeunes en particulier. Face à cela, il se dit « désemparé » parce qu’il doit suivre les ordres qui viennent de Bruxelles.

« On ne veut pas donner aux jeunes Grecs les moyens de s’en sortir. Les salaires diminuent, la consommation diminue, la production aussi. Du coup, les magasins ferment, le chômage augmente. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : entre 2011 et 2012, la Grèce a eu une diminution de son PIB de 12 %, et l’année n’est pas encore finie. La seule approche de l’Union européenne a été jusqu’ici celle du budget, on ne fait que du chiffre sans aucune perspective sociale et personne ne voit rien. C’est important de ne pas faire de déficit, évidemment, mais pour le moment, la Grèce est rentrée dans une guerre, sans voir le sang. Les victimes, ce sont les travailleurs, les jeunes, les retraités, on est en train de tous les sacrifier sur l’autel de l’austérité. Même moi, avec mon salaire, je ne m’en sors pas, alors comment font les autres ? » 

Les prochains mois vont amener un nouveau lot de mesures d’austérité en Grèce. Avec des coupes budgétaires qui ne favoriseront pas la reprise. Pour les jeunes Grecs, cette « génération perdue », le chômage fera plus que jamais partie de leur quotidien. Face à l’austérité, ils veulent tous se battre, chacun à leur manière, trouver des solutions pour leur avenir personnel et celui de leur pays, même si cela doit se faire à l’étranger, loin de leur famille et de leurs amis.

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Janis, Constantina, Pénélope et les autres, les visages de la crise grecque en Belgique

Janis, Constantina, Pénélope et les autres, les visages de la crise grecque en Belgique

In Un an en... on 17/06/2012 at 17:10
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Photo d’Isabelle Marchal

Ce dimanche, la Grèce retourne aux urnes. Un scrutin aux allures de référendum : pour ou contre l’euro. Un résultat attendu avec anxiété dans toute l’Europe et ailleurs, car les résultats pourraient déstabiliser la zone euro. Pourtant, loin de cette tension, loin des enjeux financiers ou politiques, au cœur même de la capitale européenne, de nombreux Grecs arrivent chez nous à Bruxelles pour trouver un emploi et commencer une nouvelle vie. Tous ont décidé de quitter leur pays, faute d’avenir. Pendant plusieurs semaines, je suis allé à leur rencontre. Ils s’appellent Janis, Constantina ou Pénélope. Ils ont entre 20 et 50 ans. Ce sont les visages « invisibles » de cette crise grecque qui se vit d’Athènes à Bruxelles.

Devant les portes du petit café Kosani, on discute autour d’une bière, on fume une cigarette avant le match Grèce-Russie. On a sorti le drapeau qui flotte déjà avec des airs de victoire. Tout le monde est certain que le pays a ses chances face à la Russie. Dans le café, la télé est désespérément branchée sur une émission de variété que personne ne regarde, tout le monde attend le match. Sur les petites tables, on joue aux cartes, on boit un verre. Personne ne parle des élections de dimanche.

Pénélope est au bar. Elle attend son fils Janis, 28 ans. Il vient d’arriver en Belgique depuis quelques semaines. Pénélope, elle, a vécu en Belgique quand ses parents sont venus travailler dans les charbonnages dans les années 60. Puis, elle est retournée en Grèce, dans sa province, la province de Kosani dans le nord du pays, « où il pleut comme en Belgique ». Elle s’est mariée, elle a eu trois enfants, et c’est en 2001, après son divorce, qu’elle est revenue vivre à Bruxelles. « C’était plus simple pour trouver un emploi. Je ne pouvais rien faire là-bas », m’avoue-t-elle entre deux commandes.

Janis (28 ans) : « Impossible pour un jeune de s’en sortir ! »

ImageJanis arrive. « Comme d’habitude, il est en retard », plaisante Pénélope. Est-ce par provocation ou sens de l’humour, mais Janis porte un maillot de foot aux couleurs de l’Allemagne. On s’installe, et puis la discussion commence en anglais. Cela fait quatre ans qu’il est au chômage, qu’il ne trouve pas d’emploi et qu’il ne touche pas d’argent. « Quand on est au chômage, on touche 400 € par mois pendant un an, et puis c’est tout. C’est impossible pour un jeune de s’en sortir ! » En Grèce, Janis vivait avec son père, un ambulancier. Mais depuis la crise, son salaire a diminué de moitié. Impossible pour Janis de vivre plus longtemps à ses crochets. « Il y a deux ans, il gagnait 1.300 €, mais aujourd’hui, c’est à peine 700 €, et même s’il fait des heures supplémentaires. Comment vivre à deux personnes avec cette somme-là quand tout augmente en plus. Même chez Lidl, c’est plus cher en Grèce qu’ici à Bruxelles. »

C’est depuis le mois dernier que Janis a décidé de quitter son père et la Grèce pour venir trouver un emploi en Belgique, près de sa mère Pénélope. « Beaucoup de jeunes sont prêts à partir, à quitter le pays pour trouver du travail en Belgique, aux Pays-Bas ou en Allemagne car il y a encore des emplois et des possibilités, même si c’est la crise. Beaucoup de mes amis aimeraient partir, mais ils n’en ont pas les moyens. Chaque jour, on pense tous à la même chose, on veut vivre une vie comme tout le monde avec un emploi, une maison, des enfants, ici ou ailleurs. Mais quand on se décide à quitter le pays, on se dit aussi que c’est provisoire, cinq, dix ans peut-être pour se faire une situation ici, et puis retourner en Grèce quand tout ira mieux. » 

Quant à son parcours, Janis n’a pas fait d’études et pendant quelques mois, à 19 ans, il a décidé de rejoindre l’armée, avant de devenir peintre. Janis parle un peu l’anglais, pas un mot de français, et jusqu’ici, il accumulé les petits boulots avant de se retrouver définitivement sans emploi. Voilà quatre ans maintenant. « Quand tu as entre 18 et 50 ans, c’est impossible de trouver un travail chez nous, que tu sois diplômé ou pas, tout le monde est dans la même merde. Puis, les banques nous mettent la pression, et la situation dégénère pas seulement en Grèce, mais aussi dans le reste de l’Europe, en Espagne, en Italie. Personne n’est épargné et les États sont impuissants. C’est comme au domino… »

Constantina (24 ans) : « L’espoir ou la mort »

ImageLa situation de Janis est loin d’être unique. A Bruxelles, ils sont des centaines de ressortissants grecs à avoir quitté leur ville, leur province, abandonné leur famille, leurs amis pour trouver un emploi en Belgique. Seul problème, c’est que la majorité des Grecs ne parlent ni français, ni néerlandais, et ont, du coup, pas mal de difficultés pour trouver un emploi chez nous. C’est ainsi qu’au centre hellénique de Bruxelles, des cours de français sont organisés chaque mercredi et vendredi pour les aider dans leur recherche d’un emploi. C’est le cas pour Constantina, Pénélope et Vassilis.

Constantina a 24 ans. Elle est originaire de Rhodes. Elle est arrivée à Bruxelles en décembre 2010. Avant de venir en Belgique, elle travaillait dans un institut de beauté comme esthéticienne. Famille, amis, emploi, elle a tout abandonné pour trouver « une meilleure situation ». « J’avais de quoi vivre, mais pas suffisamment pour développer mon avenir professionnel. J’ai toujours voulu avoir mon salon de beauté, mais c’est impossible en Grèce. Tout stagne chez nous : l’emploi, l’économieBeaucoup de gens ferment leur commerce pour ne pas s’endetter, et comme il n’y a plus de travail, le chômage augmente. Aujourd’hui, on se retrouve avec le couteau sur la gorge et les choses s’empirent parce qu’il n’y a plus d’argent et que les taxes ne cessent d’augmenter pour la population. »

Aujourd’hui, Constantina se retrouve seule à Bruxelles et est toujours à la recherche d’un emploi. C’est son père qui l’aide financièrement. « Mais c’est difficile pour lui avec les 900 € qu’il touche par mois. Il y a un an encore, il gagnait près de 1.400 €. On craint vraiment de tout perdre, et c’est pour cela que les jeunes décident de partir, de tenter leur chance ailleurs. C’est impossible de faire sa vie en Grèce, ceux qui veulent travailler ont deux choix : soit partir, soit se faire exploiter pour un salaire de misère. »

Quant aux élections, Constantina n’en espère rien. « Tous disent vouloir sortir de la crise, mais qu’importe le parti, les sacrifices seront insupportables pour le peuple. Il ne nous reste que l’espoir ou la mort », ajoute-t-elle, un sanglot dans la voix. « Vous savez, la vie est merveilleuse en Grèce, seulement, il faut gagner sa vie, et cela, ce n’est plus possible chez nous. »

Pénélope, 36 ans, est, elle aussi, « déçue de l’évolution de la crise en Grèce». Selon elle, tout « dégénère à cause de la corruption et du clientélisme des politiciens ». Il y a quelques mois, elle a perdu son emploi de puéricultrice pour lequel elle gagnait 700 € par mois, en travaillant plus dix heures par jour. Cela fait trois mois qu’elle est à Bruxelles, elle aussi à la recherche d’un emploi. « Je prendrai n’importe quoi, ce sera quand même mieux payé qu’en Grèce. Car il n’y a plus d’espoir dans mon pays. »

A ses côtés, il y a le jeune Vassilis, 20 ans à peine. Cela fait un an et demi qu’il était au chômage depuis la fin de ses études, qu’il ne trouvait pas d’emploi comme plombier à Athènes. Voici trois mois qu’il est en Belgique. « Quand je suis parti, c’était le chaos, aujourd’hui, c’est encore pire. Dans chaque famille, les enfants partent à l’étranger à cause de la crise. Chez moi, quand ma sœur et moi, on a décidé de partir, ce fut le pire jour de notre vie, tout comme pour nos parents. Mais on n’a pas le choix, il n’y a rien pour nous. Puis pour les jeunes qui restent, il n’y aucune perspective. Ils risquent de tomber dans la criminalité, la violence, rien que pour s’en sortir. »

« Au centre, leur nombre a triplé depuis 2009 »

ImageDans la petite classe du centre hellénique, ils sont une dizaine à venir suivre les cours de français chaque semaine. C’est Nancy qui les aide à apprendre la langue, et les accompagne dans leur recherche d’un emploi. « Cela fait trois ans que je m’occupe de ressortissants grecs arrivés à Bruxelles, et depuis 2009, leur nombre a triplé au cours de français que propose le centre hellénique. Il n’y a pas de limite d’âge, cela va de 20 à 50 ans. Le problème, c’est que beaucoup ne trouve pas d’emploi par la suite en Belgique car il y a la barrière de langue, et puis ils rencontrent les mêmes problèmes que les Belges à la recherche d’un travail. Certains retournent alors en Grèce ou s’en vont ailleurs tenter leur chance comme en Allemagne ou en Angleterre. D’autres sont prêts à tout pour gagner leur vie, quitte à être exploités. C’est à nous alors de les protéger. »

Partir ? « Une aventure sans lendemain »

Dimitri Argyropoulos est président de la communauté hellénique de Belgique. Depuis deux ans, il a reçu plus de 2.000 demandes d’aide de la part de ressortissants grecs, tout juste débarqués à Bruxelles. « Tout s’est précipité au début de l’année 2010. On a vu arriver énormément de compatriotes, surtout des diplômés qui ont voulu fuir les problèmes économiques et le chômage. Tous ces jeunes qui décident de fuir le pays, ce sont des générations perdues. Aujourd’hui, la situation s’est empirée, et la Grèce est littéralement étouffée. Aujourd’hui, on ne vit plus, on survit. C’est la panique, et malgré les élections, on ne sait pas où l’on va, ni avec qui, il n’y a aucune vision à long terme, et on ne prépare pas l’avenir. Les gens votent parce qu’ils sont désespérés, pas parce qu’ils attendent une solution des partis politiques », avoue-t-il amèrement.

Dimitri reçoit encore des dizaines de mails de Grecs prêts à partir du pays pour venir trouver un emploi en Belgique. « Mais c’est souvent une aventure sans lendemain, si l’on ne parle pas le français ou le néerlandais, cela ne sert à rien de venir en Belgique, surtout si c’est pour faire un métier qui n’est pas en pénurie. Dans ces conditions-là, on leur dit qu’ils ne trouveront pas d’emploi chez nous, surtout qu’au bout de trois mois, s’ils sont sans emploi, ils doivent retourner en Grèce à la case départ. »

« La crise grecque est devenue aussi notre réalité »

C’est ainsi que chaque jour, à deux pas de la Grand-Place de Bruxelles, où les restaurants grecs sont légion, les patrons reçoivent la visite de ressortissants grecs à la recherche d’un emploi. « Ce sont des jeunes, entre 25 et 35 ans, souvent diplômés, qui viennent nous trouver. Mais on ne sait pas les aider, on n’a pas le temps de les former, et puis, ils ne parlent pas français. C’est vraiment une situation dramatique mais le marché du travail est aussi saturé ici, explique Maria. « Chaque jour, on a au moins une personne qui vient nous trouver. Il y a aussi des étrangers qui viennent du Pakistan et d’Afghanistan qui quittent la Grèce pour venir s’installer en Belgique », poursuit Alexandro.

Image« Avec tout ce qui passe en Grèce, il n’y a plus de travail, plus d’argent, tout le monde essaie de partir. Cela fait un an que beaucoup de Grecs ont décidé de quitter le pays et viennent en Belgique. C’est par famille entière, ajoute Constantinos. On a eu récemment un médecin qui nous demandait d’être plongeur, mais on a dû le refuser parce qu’il n’avait jamais travaillé dans la restauration. Pour beaucoup, c’est un travail provisoire en attendant de trouver mieux. Chaque jour, même pour nous qui sommes en Belgique depuis des années, la crise grecque est devenue aussi notre réalité. Tout simplement parce qu’on en parle dans les médias, mais aussi parce qu’on a notre famille là-bas, une grand-mère, un oncle, un cousin qui nous demandent de l’aide.»

Retour au café Kosani, le match Grèce-Russie va commencer dans quelques minutes. Janis en profite pour se rouler une cigarette. Je lui demande un pronostic. Il parie sur une victoire de la Grèce. « C’est quelque chose que les banquiers ne nous prendront pas au moins ! », plaisante-t-il. Ah, les banquiers, je les avais oubliés, ceux-là…

A lire aussi sur le site Apache.be :

http://www.apache.be/2012/06/19/het-gezicht-van-de-griekse-crisis-in-belgie/

http://www.apache.be/2012/06/19/janis-penelope-et-les-autres-les-visages-de-la-crise-grecque-en-belgique/

Un an en Wallonie (ép.2) : Walen binnen, une histoire de famille le long de la frontière linguistique

In Un an en... on 14/04/2012 at 17:16

Joseph et Thierry Delré sont père et fils. L’un vit à Faimes en Wallonie, l’autre à Saint-Trond en Flandre. Ils travaillent dans la même entreprise flamande. Cerise sur la gâteau : ils ont épousé tous deux une Flamande. Une situation bien loin des conflits linguistiques… à deux pas de chez nous.

C’est dans un zoning perdu au milieu des arbres fruitiers à 10 km de Saint-Trond que Joseph et Thierry travaillent dans une entreprise de générateurs à Nieuwerkerken.

Voilà un an que Joseph a rejoint son fils. «Mais tout le monde m’appelle Jojo ici», lance-t-il tout simplement avec un petit accent hesbignon. Un nouvel emploi qu’il commence à 57 ans. En plus de son magasin de karting qu’il tient à Faimes, près de Waremme.

«C’est à table que Thierry m’a dit qu’on cherchait un mécanicien à Nieuwerkerken. Je me suis présenté et on m’a engagé.» Chaque jour, Joseph met 45 minutes pour rejoindre l’entreprise.

Image«La distance, il faut faire avec. Ce n’est pas toujours évident. Mais c’est plus simple que d’aller à Bruxelles !» Joseph travaille au service après-vente. Entretien, réparation, les moteurs passent entre ses mains expertes.

Pour cause, Joseph Delré est passionné depuis sa jeunesse par les motos et les kartings. «Pendant trente ans, j’ai tenu un magasin de moto à Heers en Flandre. C’est là que j’ai rencontré ma femme, Angèle. Il y a 37 ans. On s’est connus après un bal en Flandre», se souvient-il derrière ses petites lunettes.

Pourtant, Joseph n’est pas bilingue. Il se débrouille. Et il a l’habitude. «Quand je travaillais à Heers, mes clients étaient tous flamands. On se comprenait très bien !»

Et pour son travail à Nieuwerkerken, il ne doit pas parler un mot de néerlandais. «Réparer un moteur, ça se fait de la même façon dans toutes les langues !», lance-t-il avec un sourire.

Joseph travaille avec Herman, un employé flamand. «On s’entend très bien à deux. Pour se comprendre, je parle en français, il me répond en flamand…comme à la maison avec ma femme !», plaisante-t-il encore.

De son côté, et à 24 ans à peine, Thierry Delré travaille depuis cinq ans dans l’entreprise de générateurs. «Dès que je suis sorti de l’école, j’ai trouvé tout de suite un emploi à Nieuwerkerken. Je ne sais pas si j’aurais pu trouver aussi facilement un emploi en Wallonie», admet-il.

À la différence de son père, Thierry est parfait bilingue. «J’ai étudié à Saint-Trond en technique. Et comme ma mère est néerlandophone, ça facilite les choses», ajoute-t-il avec un accent qui mélange le wallon et le flamand.

C’est à Saint-Trond que Thierry vit depuis deux ans avec Liesbeth. «J’ai rencontré ma femme au travail. Comme mon père, c’est une Flamande. Ça doit tenir de famille !» Pendant trois ans, Thierry a fait les trajets entre Faimes et Nieuwerkerken. «Ça devenait pénible à la fin. J’ai préféré aller m’installer en Flandre ! Ma rencontre avec Liesbeth a tout accéléré.»

Pour Thierry, vivre et travailler en Wallonie ou en Flandre, c’est pareil ou presque. «La seule différence que je vois, c’est que les Flamands sont plus fermés que les Wallons. Nous sommes plus chaleureux.»

Son père Joseph est plus sévère. Pour lui, et sans doute à cause de la crise politique qui a bouleversé notre pays, les différences sont de plus en plus grandes entre la Wallonie et la Flandre. «Il y a 20 ans, on avait beaucoup plus de contacts avec nos voisins flamands. Maintenant, c’est fini ! Chacun reste dans sa communauté. Surtout chez les plus jeunes où il n’y a plus aucun contact entre Wallons et Flamands. C’est dommage…»

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